Violences verbales et morales

Pourquoi discrimine-t-on ?

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Contrairement à ce qu’on croit souvent, celui qui discrimine, ça n’est pas toujours l’autre ! La discrimination est une violence vieille comme le monde et, comme pour la sécurité routière : on est tous concernés, tous responsables. D’où peut bien venir cette tendance chez l’Homme à discriminer ? Pourquoi s’attacher à séparer les gens en fonction de leurs différences, parfois minimes ? En bref, pourquoi tant de haine ?

Raison vs émotions !

Lorsque l’on discrimine on dit souvent avoir de bonnes raisons pour le faire. On s’appuie sur des stéréotypes et des a priori, c’est-à-dire des croyances fausses. On donne l’impression que notre jugement est fondé sur des faits objectifs et rationnels, du genre « toutes les statistiques montrent que les martiens sont plus bêtes que les terriens, t’sé ! »

En vérité, derrière nos explications simplistes se cachent bien souvent des réalités émotionnelles. C’est plutôt par peur ou par colère voire haine qu’on s’en prend aux autres. Une mauvaise expérience vécue un jour avec un martien et voilà que c’est tous les petits hommes verts qui deviennent d’un coup détestables. C’est ce qu’on appelle essentialiser ou généraliser : ça n’est plus « tel martien » bien précis le problème, ce sont « les martiens », tous autant qu’ils sont. En gros, discrimination rime moins avec raison qu’avec émotion

Esprit de groupe

Si l’on discrimine, c’est aussi parfois pour affirmer notre identité ou celle de notre communauté. Les humains ont besoin, pour se sentir bien, d’avoir une idée plus ou moins claire de qui ils sont. J’imagine que t’as déjà ressenti ça, non ? Pour cela, on peut s’appuyer sur les différences entre nous. Au lieu de répondre à la question « qui suis-je ? », on répond à la question « qui je ne suis pas ? ». Par exemple, si je ne suis pas un martien alors je suis un terrien. Me focaliser sur les différences m’aide à me définir.

Ce qui est curieux c’est que, parfois, trop peu de différences est encore plus dur à vivre que plein de différences ! On aurait plutôt tendance à penser le contraire et pourtant… C’est ce que le Dr Freud, avec son cigare et son divan, appelait le « narcissisme de la petite différence ». Quand les autres nous ressemblent trop, on ne s’y retrouve plus. Si par exemple tout le monde porte les mêmes baskets que toi, celles de la marque aux trois bandes, comment montrer ton originalité ?! Tout à coup, c’est la ressemblance qui inquiète et qui fait peur ! Et la peur, malheureusement, est trop souvent mauvaise conseillère…

Discriminer malgré-soi

Quittons la planète Mars pour revenir sur notre Terre où les discriminations, malheureusement, sont bien présentes…

Il reste une forme de discrimination dont on n’a pas parlé. Ce sont les discriminations qui se font un peu malgré-nous, sans que l’on s’en rende compte. C’est pas que l’on est mal intentionné ou en colère, c’est juste qu’on ne pense pas à telle ou telle catégorie de personnes. Il s’agit en général de groupes de personnes minoritaires. C’est le cas, par exemple, des personnes à mobilité réduite (en fauteuil roulant par exemple) pour lesquelles nos villes ne sont pas adaptées. Tu savais que seulement 9 stations sur les 303 du métro parisien sont accessibles aux personnes en fauteuil roulant ?!

Autre exemple, le langage. Sans que l’on y fasse attention, notre façon de parler véhicule plein de stéréotypes. Tu connais bien cette règle qu’on t’a répétée 100 fois pour tes dictées : « le masculin l’emporte ». En gros, si dans ta bande de pote vous êtes 7 filles et 2 garçons, on devrait tout accorder au masculin ! Certaines personnes considèrent cette règle comme discriminante et s’interrogent : pourquoi ne pas accorder à la majorité par exemple ? Autrement, ça pourrait laisser entendre que 2 garçons valent plus que 7 filles.

Finalement, la discrimination apparaît comme la réaction première, celle de l’émotion avant la réflexion. La tolérance elle, est plus exigeante. Elle demande une forme d’autocritique : il faut s’interroger sur ses préjugés, sur ses peurs ou ses angoisses. C’est aussi un travail collectif qui interroge nos manières de vivre. Mais supporter que les autres ne soient pas comme nous, en particulier quand on n’est pas d’accord avec eux, c’est la condition du vivre ensemble. Et ça, c’est beau, non ?

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