Les parents/beaux-parents

Interview du mois : Isabelle G., psychologue sur une ligne d’écoute pour les parents

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mes-parentsIsabelle G. est psychologue à Inter Service Parents (01 44 93 44 93), un service téléphonique où sont souvent abordées les questions de relations entre les parents et les adolescents. Interview…

La grande majorité des adolescents affirme avoir des relations conflictuelles avec leurs parents, comment expliquer cela ?

Entrer en opposition avec ses parents est un véritable besoin pour l’adolescent. Ça fait parti de sa nature même. Ça lui permet de se confronter au modèle parental, de s’approprier les règles qu’il subit depuis tout petit et de tester leur autorité. Le conflit est essentiel car ça permet à l’enfant de grandir et de s’affirmer. Il forme son caractère futur et veut montrer aux adultes du foyer qu’il est apte à prendre certaines décisions.

Si c’est un cap nécessaire, pourquoi les parents ne l’acceptent-ils pas toujours ?

Ils ne sont souvent pas prêts. C’est extrêmement dur pour les parents de voir que leur enfant grandit, qu’il est sur le point de s’envoler pour quitter le petit nid familial. La transformation est soudaine et ils sont surpris, parfois même perdus. Des sujets tels que les petits copains, l’alcool ou le rendez-vous chez le gynécologue sont nouveaux pour eux, il faut qu’ils s’habituent, qu’ils s’adaptent aux changements de l’enfant.

Donc les parents doivent se remettre eux aussi en question ?

Tout à fait. En fait c’est l’enfant qui oblige les parents à se poser des questions. Ces derniers se demandent continuellement s’ils agissent bien ou non, s’ils ne sont pas trop sévères ou s’ils doivent au contraire tout accepter. C’est une lourde épreuve pour eux. Se rappeler leur propre adolescence peut parfois les aider à mieux comprendre leurs enfants, à condition qu’ils acceptent de se souvenir. Certains parents n’ont pas eu une enfance très joyeuse et ça peut être douloureux pour eux.

L’adolescence est également une période de choix individuels qui montrent que l’enfant laisse place à l’adulte. Pourquoi alors certains parents s’opposent à ces choix ?

C’est légitime. Les parents projettent souvent leurs désirs sur leurs enfants. Ils espèrent qu’ils feront ce qu’eux n’ont pas forcément pu accomplir. Alors quand l’enfant prend une autre voie que celle qu’ils désiraient, et bien ils se sentent frustrés. Ils s’aperçoivent que l’enfant n’est plus manipulable et ça leur fait peur, parce qu’ils n’ont plus leur mot à dire. Ils ne se rendent souvent pas compte que leur enfant peut prendre certaines décisions seul. Il faut leur laisser un peu de temps pour s’y faire.

On entend souvent dire que le comportement des parents est différent selon le sexe de l’enfant…

Je ne pense pas. C’était effectivement le cas auparavant, mais les mentalités ont évolué. Les parents ont aujourd’hui autant de mal avec les filles qu’avec les garçons. Les fugues et les suicides concernent désormais les deux sexes de façon équitable. Et puis que ce soit une fille ou un garçon, l’espace d’intimité dans le foyer doit être le même. Cet espace se concrétise très souvent par la chambre, parce que c’est la pièce dans laquelle on se sent le mieux. Donc les parents doivent absolument tenir compte des règles établies par l’adolescent dans son petit univers personnel. L’adolescent en a besoin et, contrairement aux idées reçues, le garçon autant que la fille.

Pourquoi les parents se braquent-ils parfois à la moindre tentative de discussion ?

C’est normal. Parler de sexe ou de drogue avec son enfant n’est pas évident parce que ça nécessite de considérer ce dernier comme un adulte. Le parent se rend compte que l’innocence n’est plus là et ça le trouble. Il pense que ce qu’il va dire peut être mal interprété ou qu’il n’arrivera pas à trouver les mots justes. Il ne faut pas oublier qu’il y a encore peu de temps il voyait son enfant jouer à la marelle ou au soldat. C’est pourquoi il se braque parfois sur certains sujets. Mais les adolescents peuvent aider leurs parents en essayant d’aborder ces sujets de la manière la plus délicate possible.

Alors, au final, peut-on et doit-on tout dire à ses parents ?

Non, car il est essentiel de garder un peu d’intimité et ne pas tout dire à ses parents. L’adolescent commence à devenir adulte et doit pouvoir gérer certaines choses tout seul. Si ce n’est pas le cas, il n’y a plus de confrontation des générations et la situation devient confuse. On entre dans une relation parents-copains qui peut être très difficile à gérer. Et puis il est rare de rencontrer des parents qui acceptent de parler ouvertement avec leurs enfants de tous les sujets, et notamment de ceux dits tabous.

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2 commentaires

  1. Je suis une maman qui peut parler de tous les sujets « tabous » avec mes adolescentes (à condition que je connaisse le sujet) mais ma plus jeune fille dit qu’elle a déjà eu toute l’information au cours de réunions de prévention au collège ou au lycée et donc ne souhaite parler de rien ! Parfois, les réticences ne sont pas là où on le pense…

  2. J’ai lu l’article et je suis d’accord mais se n’est pas forcément très simple d’abordé des sujet délicatement car certain parents peuvent faire la sourde oreilles, parfois nous sommes un peu obligé d’inssisté mais est-ce une bonne idée? Par exemple pour les moyen de contraception certains parents vont être gêner d’en parlé avec leurs enfant mais il vont comprendre que l’enfant a grandit, tandis que d’autres refuse catégoriquement toute discussions dessus.

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