Vivre avec un handicap

La langue des signes

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Tu as certainement au moins une fois aperçu deux personnes en train de dialoguer avec des gestes et des signes. Ils communiquaient probablement grâce à la langue des signes. La langue des signes, c’est cette langue particulière produite par les mouvements des mains, du corps et les expressions du visage et que les sourds, les muets et certains malentendants utilisent pour communiquer. On dit alors qu’ils « signent ».

Comme n’importe quelle autre langue, elle comporte des règles grammaticales et des propriétés linguistiques spécifiques et ce sont les mêmes zones spécialisées du cerveau qui travaillent, que l’on parle ou que l’on signe. La grammaire est complexe et les règles sont différentes par rapport au français parlé. L’ordre des mots par exemple est le suivant : tout d’abord on mentionne le lieu, puis le temps, ensuite le sujet et enfin l’action. Ce qui est logique puisque la langue des signes entraîne toujours une mise en scène de ce qui se dit : le décor est tout d’abord planté, les acteurs entrent ensuite en scène et l’action peut enfin débuter…

Des débuts difficiles

Aujourd’hui, la langue des signes est reconnue comme une langue à part entière. Des milliers de Français la maîtrisent et la pratiquent tous les jours, mais cela n’a pas toujours été le cas. Pendant très longtemps, les sourds ont été ignorés. Considérés comme des handicapés mentaux, ils étaient presque toujours en marge de la société sans qu’aucun effort ne soit fait pour tenter de communiquer avec eux. Isolés, les sourds devaient se contenter d’un langage gestuel très simple et ne disposant pas d’une langue élaborée, il leur était impossible d’aller à l’école et d’acquérir  les mêmes compétences que leur entourage entendant. Alors, qui a enfin eu la brillante idée d’inventer la langue des signes telle qu’on la connaît aujourd’hui et depuis quand existe-elle ?

Quelques points de repères

Le premier instituteur de sourds-muets connu était le moine bénédictin espagnol Pedro de Ponce de Léon (1520-1584). Il a ouvert dans son monastère les premières classes spécialisées. Il n’est pas connu pour avoir inventé la langue des signes mais il mentionne dans ses écrits l’usage de l’alphabet dactylologique ou l’alphabet manuel, qui est l’alphabet de la langue des signes : il sert en effet à représenter des lettres, à épeler des mots avec les mains. Quelques années plus tard, en 1620, un autre Espagnol, Juan de Pablo Bonet, publie le premier traité sur l’enseignement des sourds-muets : « Réduction des lettres à leurs éléments primitifs et art d’enseigner à parler aux muets », après avoir, lui aussi, pris en charge l’éducation des fils sourds des bonnes familles espagnoles.

L’abbé Charles Michel de l’Épée a été le premier entendant français connu à s’intéresser aux modes de communication des sourds-muets. Il a découvert l’existence d’une langue des signes en observant un couple de jumelles sourdes communiquer entre elles par gestes et il décide alors de regrouper les enfants sourds pour les instruire. En 1760, il ouvre ainsi la première véritable école publique pour sourds à Paris, qui deviendra par la suite l’Institut national des jeunes sourds, aujourd’hui Institut Saint-Jacques. Il base son enseignement sur un mélange des signes utilisés par des sourds et des gestes de son invention. Il réussit si bien dans son entreprise, qu’il permet la création d’une dizaine d’autres écoles pour sourds partout en France et en Europe. En 1791, deux ans après sa mort, l’Assemblée nationale l’a reconnu en tant que « bienfaiteur de l’humanité ».

Et depuis ?

Au 19ème siècle, la méthode dite « oraliste » (une méthode pour enseigner la langue française parlée à des sourds), prend le pas sur l’enseignement de la langue des signes. A cette époque, beaucoup considère en fait que les sourds doivent apprendre à parler pour mieux s’intégrer dans la société. Lors du congrès de Milan en 1880, on décide ainsi d’abandonner la langue des signes dans l’enseignement, une interdiction qui durera près de cent ans. Les professeurs, entendants, utilisent exclusivement la méthode oraliste.

En 1991, la loi Fabius favorise enfin le choix d’une éducation bilingue pour les sourds : la langue des signes française et le français écrit et oral. Aujourd’hui, il y a des centaines d’établissements spécialisés pour sourds et malentendants en France. Normalement, les professeurs entendants signent, aidés par des éducateurs sourds. Aux États-Unis, il y a même une université destinée aux sourds et malentendants : l’université Gallaudet. Fondée en 1864, elle a été la première institution d’enseignement supérieur destinée aux sourds, et est toujours la seule université au monde dans laquelle tous les programmes et services sont spécifiquement conçus pour les sourds et malentendants.

 

 

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