À toutes les victimes de viol

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    Margautier

      Hello !
      Je tenais à vous parler d’une chose qui m’a aidée par rapport à mon viol. En fait ce qui m’a aidée c’est d’en parler. Anonymement et à quelqu’un qui se souciait de savoir et d’aider et de nous rendre hommage. Vous ne la connaissez peut-être pas mais c’est Judith Godrèche, cette femme absolument merveilleuse. Elle a créé le 10 février dernier une adresse mail sur laquelle on peut lui envoyer notre histoire. Je vous invite à le faire parce que ça aide et ça libère.
      J’avais envie de vous mettre le mail que je lui ai envoyé. J’ai besoin que mon histoire soit lue. J’ai besoin d’être crue et pour ça j’ai besoin qu’on me connaisse à travers mon histoire.
      Voici ce que j’ai écrit :

      Moi aussi Judith j’ai été abusée.
      J’ai pas compris ce qu’il s’est passé et j’ai même oublié. Pendant 6 ans j’ai oublié, c’était le calme avant la tempête. Pendant cette période de la vie je respirais. Mais ça je l’ai compris après. Maintenant je suffoque. Je ne respire plus pareil. Il y a toujours un poids.
      J’avais 8 ans quand j’ai vécu ça, par l’ami de ma grand-mère.
      À 14 ans, allongée dans mon lit, j’écoutais de la musique, je ne savais rien de tout ce que j’avais vécu pourtant j’avais des séquelles enfouies. J’avais du mal avec le fait d’être touchée, j’ai eu un copain que j’ai à peine réussi à tenir la main, l’embrasser était impossible.
      Ce soir donc où j’étais allongée, j’ai eu des souvenirs qui me sont revenus d’un coup. Ceux de l’irréparable. Le poison.
      J’ai tout de suite compris mais je suis restée dans le déni. Je me disais que c’était pas possible, que j’inventais.
      Le lendemain j’en ai discuté avec ma meilleure amie de cette époque, sans aller dans les détails. Elle m’a ri au nez.
      Je crois bien que ma descente aux enfers a réellement commencé à ce moment.
      J’ai su qu’être crue allait être un pari impossible. Alors je me suis tue. J’ai plus rien dit. Je m’effaçais. Personne n’a remarqué.
      Arrivée en seconde j’ai commencé à me refaire du mal, je le faisais avant sans comprendre pourquoi mais maintenant j’avais une raison. Il fallait évacuer par la douleur. Rendre concret ce qu’il ne l’était pas forcément dans ma tête.
      Pourtant je savais ce qu’il m’était arrivé. J’avais les sons, les gestes, la sensation. J’ai même encore sa voix qui résonne dans ma tête et qui me hante parfois la nuit dans des cauchemars. Je rêve qu’il me viole encore.
      À un moment j’en ai parlé à mes parents, sans dire que c’était un viol, c’était trop dur à dire. Je l’ai jamais vraiment dit ce mot. Il est dur parce qu’il est associé à trop d’images.
      Mes parents ne m’ont pas crue. Ils m’ont regardée, ma mère est partie au travail et mon père m’a parlé d’autre chose.
      Deuxième rejet, je me crois plus. J’en parle plus, je l’évoque plus, je me tais encore plus qu’avant.
      Je fais de plus en plus de crises d’angoisses et pour calmer mes crises je me lave les mains parce que je me sens sale.
      Arrive maintenant la première qui est ma chute. Je deviens de plus en plus indignée de ce qu’il se passe dans le monde et notamment des viols dans l’industrie du cinéma.
      Les gens autour de moi semblent ne pas comprendre le poison du viol et font des blagues et ça me meurtrie d’avantage. Je me sens très seule face à cette réalité.
      Et puis je rencontre une amie et j’apprends qu’elle a elle aussi été violée. Je ne suis plus seule. On est deux et deux survivantes.
      C’est cette année que les choses ont changé. Avec cette amie on avait jamais discuté de nos viols, elle ne savait pas que j’en avais subi. C’est à Halloween que étant toutes les deux bourrées nous en avons parlé. Elle m’a dit la chose la plus belle que j’ai jamais entendue : Moi je te crois.
      C’est là que j’ai réalisé que ce qu’il m’est arrivé c’est vrai et que je suis légitime dans ma douleur.
      Je commence à délier un peu ma parole, j’ai pu parler de mon mal-être sans entrer dans les détails à une prof de mon lycée qui a remarqué que ça n’allait pas.
      J’ai parlé vraiment pour la première fois le 23 février 2024 et le soir même, je vous ai regardée à la télévision faire votre discours poignant. Il m’a énormément émue et je l’ai vu comme un signe qu’il fallait qu’on ne reste plus dans le silence.
      « Pour se croire encore faut-il être crue » je l’ai beaucoup ressenti.
      Je souhaite rester anonyme, j’ai peur des représailles. J’ai pris l’identité de La dame aux camélias qui est mon livre préféré. Marguerite Gautier est une femme forte qui a été meurtrie par les aléas de la vie, alors je m’identifie.
      Merci Sincèrement Judith pour cette initiative. Merci de me donner l’occasion de raconter mon histoire et de me donner la possibilité d’être crue. Merci du fond du cœur.
      On s’en sortira. On n’oubliera pas, mais on guérira.
      -Margautier

      #56701 Répondre
      LowValue
      Participant

        Bonjour Margautier,

        Merci pour ton courage.
        Merci d’avoir partagé cette initiative !

        Bravo pour ton parcours depuis ce qui t’es arrivé.
        J’ai encore beaucoup de travail à faire de mon coté sur ce que j’ai vécu, ton témoignage est une source d’inspiration pour moi.

        Merci encore 🙂

        #56709 Répondre
        Margautier

          Wow merci Lowvalue, ça me fait chaud au cœur ❤️ j’ai lu ce qu’il t’arrive, je te souhaite beaucoup de force ! J’espère que tu réussiras à t’orienter vers quelque chose qui te plaît 🙂

          #56723 Répondre
          LowValue
          Participant

            Merci Margautier !

            #56880 Répondre
            Noname

              Coucou, j’ai aussi été victime de viol par un ami de mon frère et.. mon frère aussi.. c’est difficile de le dire et je comprend que certaines personnes ne me croient pas, même moi je suis dans le déni et je me demande encore si se qui est arrivé se jour là était réel ou pas, je te félicite beaucoup pour ton courage d’en avoir parler, moi je sais que je n’oserai pas, se secret est enfouis loin au fond de moi et y restera jusqu’à ma tombe, je suppose que mon frère ne s’en rappel plus et c’est mieux comme sa mais moi je m’en rappel encore comme si c’était hier alors que c’était ya 8ans… j’ai l’impression de me sentir sale depuis ce jour, est-ce normal ? Ou juste ma faute ?..

              #57130 Répondre
              LowValue
              Participant

                Bonjour Noname,

                Je n’ai pas la réponse à tes questions.
                Par contre je peux t’inviter à les poser dans le section « Pose tes questions » du site de FSJ.

                J’ignore si c’est normal, mais j’ai moi aussi la sensation d’avoir été définitivement souillé, et moi aussi j’ai des souvenirs très clairs de ce qui m’est arrivé.

                Courage !

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