Répondre à : Ni vivre, ni mourir

#35229
jaspenucie

    Bonjour Soso,

    Non je ne ressens pas le besoin de me mutiler. Honnêtement, ce fut un cap à passer, notamment après le divorce de mes parents et lorsque j’ai cohabité avec mon père. J’étais très anxieuse et je préférais supporter la douleur physique plutôt que mental.

    Cela fait maintenant 3 ans que j’ai quitté ma vie natale où sont toujours mes proches. De loin, je suis moins sujette aux problèmes familiaux et je peux facilement prendre du recul pour leur venir en aide si besoin est.

    Pendant mon adolescence, un sentiment de frustration castratrice est née, à la fois d’une déception renouvelée issue des nombreuses tentatives d’établir un lien avec mon père, à la fois d’un sentiment de négligence et de passivité de ma mère. Mes rapports conflictuels avec mon frère plus âgé n’a sans doute rien arrangé. Je me suis sentie enfermée, d’où la nécessité de prendre mon indépendance. Pendant cette période, j’ai eu d’énormes doutes sur ma volonté de vivre, au point d’avoir des idées noires, qu’il m’était difficile de cacher lors de soirées arrosées à l’université et qui pouvaient faire remonter des crises de violence pouvant m’affecter physiquement. J’ai toujours fait bonne figure : autrement dit, je ne parlais pas ou mal de mes sentiments, provoquant manque d’empathie, parfois même des moqueries enfantines de la part de mes interlocuteurs. Cela m’a sans doute confortée dans ce cercle vicieux de solitude et de rancœur pour l’être humain.

    À partir de là, j’imagine que tu te doutes bien que ma famille ne se doute de rien. Non parce que je n’arrive pas à communiquer aujourd’hui, mais parce qu’ils n’ont jamais vraiment été une base solide dans ma vie, et que leur inquiétude est à la fois mauvaise pour eux, qui se sentent insultés en tant que parent ou fratrie, ou même pour moi, en devant finalement les rassurer.

    Très honnêtement, je ne saurais pas te répondre sur l’origine exacte de ce mal-être, ou plutôt à quand il remonte. Je sais juste qu’il est avec moi depuis longtemps, nourrit par le sentiment d’abandon et de rejet de mes parents, alimenté par la solitude et une impression de “silence bruyant” qui résonne souvent. Je ne rejette plus les autres, je ne me rejette plus. J’attends simplement. J’ai pris un rôle d’observateur, de la vie des autres, et de ma vie.

    Bouton retour en haut de la page