[Kiwi]

Hellow, j’espère que ça va, sincèrement.
Je me suis déjà sentie seule dans le passé, plus j’y repense plus je me rends compte à quel point je ne l’étais pas vraiment. Aujourd’hui encore, je me sens seule. Mais c’est une solitude qui me pèse beaucoup, nourrie par l’invisibilité qui veut pas me lâcher. Vous savez, quand vous êtes entouré, mais que personne ne vous adresse la parole ; quand vous parlez, mais que personne ne vous réponds ou qu’on vous coupe la parole ; quand les gens ont tendance à vous oublier facilement. C’est pas trop mon truc de me confier. J’aimerais qu’on voit que j’ai mal mais je détesterais qu’on voit que j’ai mal. En fait, je suis pas facile à vivre. C’est sûrement pour ça que les autres ne sont pas intéressés par moi.

Je suis très dûre avec ma mère. Je m’en veux beaucoup, mais je suis toujours en colère. Je rejette la faute sur elle, sûrement. Pourtant, ce n’est pas de sa faute si personne ne m’aime. Mais j’aimerais qu’elle remarque, qu’elle me prenne au sérieux quand j’ai le courage de lui dire quelque chose.

Au lycée, c’est difficile. Je passe mes journées entourée de gens qui n’en ont rien à foutre de moi. Le pire, c’est que je suis globalement entourée, mais je me sens si vide, si seule souvent. Abandonnée. Je me sens exclue, tout le temps. Même dans ma propre famille, qui s’en rend sûrement pas compte. Sûrement que je dramatise. C’est pour ça que je dis rien. C’est ridicule au fond, illégitime. Si j’en parlais, on oublierait encore. Des fois je me demande s’ils seraient tristes si je n’étais plus là. Je me suis surprise à envier ma cousine d’être heureuse. Je pensais que je l’étais. On peut être seul et heureux. J’ai perdu, l’une après l’autre, beaucoup de personnes à qui je tenais. Bref, je la regardais, et j’enviais tout. Le fait qu’on remarque quand elle fait quelque chose de bien, je veux dire, quelque chose de banal. Moi on me félicite pour mes notes. J’en suis reconnaissante. Mais je suis plus que des notes, non ? Bref. Je suis jalouse en fait. Rien n’est légitime chez moi. Toute ma tristesse, c’est parce que le monde ne tourne pas autour de moi h24, je le vis mal, hein ? Et je me hais pour ça. Je hais ma façon de toujours voir le positif chez les autres, et jamais dans ma propre vie. Je hais demander à mon cœur d’arrêter de battre, parce que je n’ai pas le courage de l’arrêter moi même ; parce que même si j’ai l’impression qu’on s’en fiche de moi, moi je les aime tout de même. Je hais ma façon de bouffer tout ce qui me passe sous la main, surtout en ce moment. Être gourmand ça fait mal au cœur souvent. Moi qui voulais être toute fine. Comme ma cousine, finalement. L’autre jour, je passais l’aspirateur, et il fallait changer le filtre. J’ai dit à mon frère que je ne savais pas le faire. Il m’a dit “qu’est ce que tu sais faire”. Il l’a dit comme ça. Il ne le pensait sûrement pas, vous savez ce que c’est les frères et sœurs. Moi, je me suis dit que ça n’était pas une coïncidence : je suis vraiment inutile. Je hais ma façon d’avoir peur de faire de nouvelles expériences, dès que ça inclut le fait d’être au milieu des gens : manger toute seule à la cantine, me promener toute seule, avoir mon 1er job. Je pleure souvent, je craque toujours dans la salle de bain. Et puis du coup, je me dépêche toujours pour arriver le plus vite dans mon lit et pouvoir pleurer sans m’arrêter. Mais mon cœur il veut plus pleurer quand j’y suis. Pourtant je me sens toujours triste.

J’ai déjà été en dépression. J’ai déjà vu une psy. Ça m’aidait de lui parler. Ce que je détestais, c’était de savoir que ma famille savait. La santé mentale, c’est le seul truc qui va pas chez moi et elle m’est si taboue quand elle me concerne. Vous me direz sûrement de consulter la psy de mon lycée, ou d’aller dans les maisons pour ados. Sauf que le problème est aussi là : j’ai peur de m’adresser aux autres.

J’aimerais qu’on m’aime vous savez. Du plus profond de mon cœur, j’aimerais qu’on m’aime. Je m’en doute que je suis aimée par quelqu’un. Mais je n’en suis pas convaincue. C’est à dire que je me sens seule et invisible. C’est quoi se sentir seul finalement. Je dramatise. En fait, je suis aimée. Je cherche juste à me créer des problèmes parce que je n’ai que ça à foutre, hein ? Faites que je sois heureuse, que j’arrive à prendre la place qui m’est destinée, que j’arrive à m’en foutre de l’avis des autres, que j’arrête d’avoir peur pour tout.

Vous savez, finalement je me sens tristoune, je le sais car j’avais l’habitude de faire rire les autres, et je riais avec eux. Aujourd’hui, je ne ris plus trop. Soit je ne ris pas, soit je ris pour rien. C’est bizarre. Et puis, je ne suis plus vraiment drôle. Et ça, ça montre que quelque chose cloche chez moi.

Mon chat m’aime. Elle dort avec moi toutes les nuits. Elle a l’air contente quand je suis là. Vous savez, je veux pas qu’elle se demande toute sa vie où je suis passée. J’ai pas envie d’être cette fille, cette sœur, cette amie, cette élève au ciel. Enfin bon. Tout ça pour dire que j’ai pas trop d’amis et que je suis discrète malgré moi. Ça en fait des mots juste pour ça. Si vous êtes arrivé jusqu’ici, désolée pour le temps perdu. La biz.

[Lilaonthemoon]

Bonjourrr, alors oui j’ai tout lu, et non j’ai pas perdu mon temps. Est-ce que tu veux bien qu’on discute tiens ?
Tu dis que ta famille savait que tu allais voir une psy, et que ça tu détestais. C’est le fait qu’ils sachent que tu n’es pas “parfaite” dans ta santé mentale que tu n’aimes pas ? Et est ce que tu sais ce que tu veux faire plus tard (rêve, étude, projet, métier…) ? Au fait c’est quoi ta boisson préférée ? (perso j’hésite entre limonade et jus d’orange).
Pardon on dirait un peu un interrogatoire, promis juste une dernière question : est ce que tu te sens exclue parce que tu n’as pas l’impression d’appartenir aux groupes ? Ou parce que tu te sens en décalage par rapport à aux ?
Bonne journée/soirée

P.S : elle s’appelle comment ton chat ?

[Auteur]

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