J’ai toujours eu peur du viol de mon père
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Ebleenaincohrou, le il y a 1 mois et 1 semaine.
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CassandraParticipantD
D
Il y a une chose que je n’ai jamais dite ni écrite.
Elle me paraissait si impure, si ignoble à formuler, que l’entendre ou la voir posée sur papier m’aurait plongée dans un profond malaise.
J’ai toujours eu peur du viol de mon père.
Après l’avoir écrit, je ne sais quoi mettre. Comment décortiquer cette crainte, que j’ai l’impression d’avoir toujours eue, en dépeignant mon père et les actes tels qu’ils sont, sans réfuter les preuves ni le pointer comme agresseur potentiel ?
À l’origine, je ne comptais jamais en parler. J’ai réussi à enfouir tout ça au fond de moi sans l’évoquer à quiconque, alors pourquoi maintenant ?
Tout simplement parce que je ne suis pas la seule.
J’ai deux petites sœurs, Salomé, qui a treize ans, et Manon, qui en a dix. Manon est ma copie conforme : même joues roses, mêmes grands yeux bleus, mêmes cheveux châtains bouclés. Elle est pleine de joie de vivre, rayonnante et rieuse. Nous nous entendons bien, même si, inévitablement, les disputes jalonnent notre quotidien. Il y a quelques temps, elle m’a confiée : « J’ai toujours eu peur que papa me viole. »
Cela m’a fait un choc. Je n’étais pas la seule, et ça m’a étrangement réconfortée. Je ne lui ai rien avoué de mes propres craintes, même si mon esprit bouillonnait.
Mais alors, si nous avions senti ce même danger, d’où venait-il ?
Manon a quatre ans d’écart avec moi. Elle a grandi avec les mêmes BD effrayantes dans le salon, les mêmes dessins animés, les mêmes jouets (quoique les siens sont constitués davantage de poneys en plastique). Elle a reçu la même éducation, le seul élément qui diffère de ma propre enfance, c’est qu’elle avait deux grandes sœurs.
Mon père était parfois… disons, intense, dans notre éducation. Quand il se mettait en colère, il lui arrivait de nous gifler, de nous mettre quelques claques. Je n’irai pas jusqu’à affirmer qu’il nous frappait, mais nous n’aimions pas être dans les parages quand il trouvait la vaisselle pas rangée ou le linge pas étendu. Manon n’a pas eu à subir ça. Mon père s’était un peu calmé à son arrivée, alors elle n’a pas connu cette facette de lui (je l’envie). Ça ne vient donc pas de ça.
Je ne comprends pas. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours reçu ce malaise à propos de mon père. Quand j’étais petite, il venait chaque matin me faire des chatouilles pour me réveiller. Je me rappelle que, déjà à cette époque, je n’aimais pas ce contact avec lui. Je n’aimais pas ses câlins, dont j’avais l’impression que sa main descendait toujours trop bas. Quand elle glissait sous mon tee-shirt, même si elle restait sur mon ventre, qu’elle ne dépassait pas la frontière de ma poitrine, je la sentais me brûler désagréablement (il fait aussi ce genre de choses avec Manon). Aussi parfois il pouvait me claquer les fesses, ce qui me mettait dans un terrible état de malaise. C’est peut-être pour ça que j’ai voulu m’éloigner, que j’ai joué la fille casse-pieds. Des trois, c’était moi qui gardait le plus de distance avec lui, qui gueulait le plus fort à chaque dispute. J’embrassais affectueusement ma mère chaque soir avant d’aller me coucher, tandis que je réservais un coup d’œil agacé à mon père.
Ça a duré longtemps. Mon grand-père maternel est mort il y a quelques semaines, alors ça nous a rapproché. Mais tout cela me tracasse toujours énormément. Quelqu’un aurait-il une idée de ce que je pourrais faire ?
(Je ne veux pas en parler avec ma mère, elle ne me croirait pas, mon autre sœur me trouverait bizarre, et ne parlons même pas de mon père. J’envisage d’essayer d’en discuter avec ma soeur Manon, mais j’ignore comment agir. Je tiens à le préciser, je ne suis pas en danger, ce n’est qu’un malaise que j’aimerais analyser pour m’en débarrasser.)
EbleenaincohrouParticipantCoucou !
Je pense que tu n’as pas du tout à avoir honte de cette « impression » ou ce « doute » comme tu dis ! Ça doit être difficile de vivre avec surtout si tu ne peux en faire part à personne ! Je te donne mon avis exterieur, je ne sais pas si ce sera utile : peut etre que tu pourrais aborder le sujet avec ta petite soeur : ca te fera surement du bien de le verbaliser pour la première fois face à quelqu’un et surtout face à elle qui est vraiment capable de te comprendre puisqu’elle vit la même chose ! Par ailleurs ca pourrait peut etre meme lui faire du bien à elle aussi, qui doit se sentir seule avec ce problème !J’espère que tu arriveras à te libéré de ca ! Et peut etre que ca te ferais du bien de consulter, tu n’es pas obligée de dire à tes parents pourquoi, juste que ca t’aiderait de voir un psy !
Bon courage pour tout et bravo d’avoir réussi à poser les mots sur ce forum, c’est super fort et courageux !E. 18 ans
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