[Emma]

Bonjour,
J’ai 21 ans, et comme le dit le titre je crois que je perds de plus en plus la capacité à me sentir « heureuse », « bien », ou tout simplement à trouver un sens au fait de rester en vie.

Certains pourraient me trouver illégitime de me sentir ainsi, car je pense que je peux me considérer comme entourée par des parents qui souhaitent que je reste en vie, ainsi que quelques amis qui, peut être, seraient tristes si je partais.

Ça fait un moment que je considère de perdre la vie. Quand j’étais en CM1, j’ai déménagé et changé d’école, et j’ai commencé à me faire harceler par un groupe de 3 filles. Par la suite, elles ont réussi à embrigader une petite partie de la classe pour se moquer de moi, à travers chansons qui mentionnaient mon nom, remarques sur mon physique, mes vêtements, ma façon d’être en général. Ça serait peut être plus rapide de trouver ce dont ils auraient pu ne pas se moquer. J’avais donc déjà envie de partir.

Arrivée au collège j’ai petit à petit perdu le contact avec ces filles, avant que deux d’entre elles, ( une autre fille ayant rejoint leur groupe entre temps ) m’envoient des messages. Il y eut un peu de tout : « Tu devrais te pendre » « Si tu meurs, personne ne te regrettera » « Tu vas aller en enfer », ainsi que des messages vocaux interminables sur ma messagerie, dans le même style.

Je parle de ceci mais je ne sais pas si c’est forcément la source de ma sorte d’anesthésie à l’envie de vivre. J’ai eu plusieurs expériences plus ou moins marquantes dans ma vie. J’ai des fois la sensation d’avoir trop vécu. Une amie m’a dit un jour que j’avais dû rencontrer beaucoup de mauvaises personnes.

C’est plutôt la manière dont j’ai vécu les choses par la suite qui marque mon quotidien. Je me suis adaptée aux autres. Je suis devenue ce qu’on attend de moi, du moins je crois. J’arrive à une période de ma vie où j’évite tout conflit. Je ne sais pas si un « moi » existe encore.

Je ne peux pas expliquer tout ce qui pourrait être source de ce que je suis maintenant en un message. Ce que je sais, c’est que quelque chose s’est probablement brisé en moi, et que les morceaux continuent de s’éparpiller. Je vois des psys, mon médecin me fait suivre un traitement d’anti dépresseurs, mais je ne sens aucune différence. On a augmenté 3x la dose. Le médecin me propose de l’augmenter encore. Peut être que la dose doit augmenter autant que ma dépression, ou je ne sais quoi, s’enfonce aussi.

C’est juste fatiguant. Rien ne me fait plaisir dans ce que je fais. Ça sera sûrement la phrase la plus pitoyable que je dirai dans ma vie, mais les seules choses qui me retiennent sont la peur de rendre mes parents tristes au point où ça impacterait un peu trop le reste de leur vie, et la peur de « souffrir » dans la réalisation de l’acte pour en finir. J’ai la phobie du sang, je n’ai jamais eu le courage de me scarifier pour de vrai.

Si je pouvais décéder paisiblement dans mon sommeil après avoir écrit une lettre ou quelque chose du genre, ça serait idéal.
Peut être utiliser des somnifères et un produit qui causerait la fin marcherait.

Je suis désolée de ne pas être plus courageuse.

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