Garder un secret : une preuve d’amitié ?
Partager un secret, ça peut être une façon d’être plus proche de l’autre, de créer des liens. Ou bien d’avoir des conseils, un soutien. Mais que faire de cette confidence ? De cette preuve de confiance ? Ce n’est pas toujours un cadeau d’être le dépositaire d’un secret, car un secret n’est jamais seul : il s’accompagne de confiance, de complicité, de partage, de respect… Petits secrets, grandes responsabilités ?
Une place particulière ?
Si un /une ami-e a choisi de te confier un secret, c’est qu’il/elle te fait confiance. Cette confiance qu’il/elle dépose en toi te fait sortir du lot des simples « copains ou copines ». Tu deviens confident-e, et garder ce secret est un gage de confiance. Tu occupes alors une place particulière par rapport à cet-te ami-e, vous partagez des choses auxquelles les autres n’ont pas accès.
Détenir un secret peut aussi te donner une place particulière au sein du groupe : tu peux te sentir «l’élu-e», celui/celle qui peut comprendre et aider, celui/celle qui soutient. Pourtant, être « à part » fait que tu dois tout le temps faire attention à ne pas gaffer, à ne pas trahir la copine ou le copain qui s’est confié-e à toi. Peut-être aussi que tu vas te demander si tu dois te confier à elle/lui en retour … C’est finalement une lourde responsabilité ! En si en plus on cumule les secrets de plusieurs amis, il ne faut pas s’emmêler les pinceaux ? !
Question de confiance !
Ce qui est en jeu ici c’est le respect de la parole donnée : pour préserver la confiance que l’autre a mis en toi, il est important de ne rien dire aux copains car tu ne sais pas comment ils vont se saisir de cette information. Quand un secret nous échappe, on perd le contrôle et cela peut se retourner contre notre ami.e ou contre nous.
Il peut arriver qu’un secret te soit paradoxalement confié pour que tu en parles, car la personne n’en a pas le courage ou la force. Elle te fait alors confiance pour décoder son message, comme par exemple qu’elle est amoureuse du beau Matteo et espère que tu puisses l’aider à se rapprocher de lui.
Dire, c’est trahir ?
Ce n’est pas facile d’évaluer l’importance ou le but d’un secret. Tu peux te demander : Qu’est-ce que je dois faire de ce secret ? Il y a des secrets que l’on doit taire, mais il y a aussi des secrets qu’on ne peut pas garder pour soi.
Si tu reçois une confidence à propos d’une situation de mal-être, de danger et/ou de violence, tu peux te sentir un peu dépassé et te poser beaucoup de questions : Est-ce que je dois juste écouter ou est-ce que j’en parle à quelqu’un ? Si oui, à qui ? Entre la nécessité d’aider ton ami-e et la peur de le/la trahir en parlant (il/elle t’a fait jurer de ne rien répéter), c’est difficile de faire la part des choses.
Si un-e ami-e t’a demandé de ne pas en parler, c’est surtout parce qu’il/elle a peur. Pourtant, en parlant, cet-te ami-e a envie qu’on l’aide. Garder son secret c’est en quelque sorte devenir complice. Intervenir au lieu de laisser faire, c’est l’aider à sortir de la honte, de la peur et de la solitude : quelqu’un l’a crû et l’aime suffisamment pour vouloir lui venir en aide.
Pour autant, aimer très fort cette personne ne suffit pas pour qu’elle aille mieux. Cela l’aide mais il faut aussi que dans la réalité quelque chose soit fait pour que cette situation cesse. Passe le relais à un adulte ! Un adulte de ta famille (parent, tante…) ou un professionnel de l’école (profs, CPE, infirmière scolaire) peut t’aider à trouver des solutions. Enfin, en appelant Fil Santé Jeunes tu peux avoir l’avis et les conseils de professionnels dans un cadre anonyme et confidentiel.2
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