Les difficultés scolaires

Il était une fois… la rumeur

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rumeurLe saviez-vous ?!

Il paraît que les rumeurs existent depuis la nuit des temps.
On nous a dit qu’à une époque, seule la langue orale permettait aux hommes de se transmettre les petites choses de la vie quotidienne, les affaires politiques ou économiques, les nouvelles des uns et des autres, ce qu’ils avaient eux-mêmes appris de leurs aïeux, leur histoire …
Nous avons entendu dire à ce propos que certains très vieux textes aujourd’hui mondialement célèbres, tels que l’Iliade et l’Odyssée d’Homère, ou encore la Bible, avaient été pendant des siècles racontés oralement avant d’être « gravés » par écrit.

C’est un bon début pour vous parler et répandre la RUMEUR  😉 !

Au commencement…

Le concept de « rumeur » n’est apparu qu’en 1902. Dans le cadre de ses recherches en psychologie judiciaire, un psychologue et philosophe allemand, Louis William Stern, a été le premier à mettre en place un « protocole expérimental » permettant de mettre en lumière le fonctionnement même de la rumeur.

Ce protocole est aujourd’hui devenu un véritable exemple en la matière :
Au départ : une longue chaîne de personnes, un fait divers
Le contenu : On raconte à la première personne de la chaîne le fait divers, qui le raconte à la deuxième et ainsi de suite … On compare ensuite l’histoire racontée par la première sujet et celle relatée par la dernière.
Finalement : Les deux histoires sont radicalement différentes. La dernière est complètement transformée, déformée.

Ce que Stern apporte de plus à cette constatation, c’est la notion de « détails ». Au départ, il avait pris soin d’agrémenter son histoire de 149 détails précis. Il remarque qu’au fur et à mesure de la diffusion par « bouche à oreille » de l’histoire, les détails se transforment, et le nombre de détails diminue rapidement. C’est ainsi que l’histoire perd peu à peu de son sens. Ce qu’il démontre finalement, c’est que la rumeur, de manière naturelle, se développe en se déformant et en s’appauvrissant.

La rumeur… comment ça marche ?

Beaucoup d’éminents sociologues, philosophes, psychologues ou experts en sciences politiques ont cherché, après Stern, à mieux comprendre le phénomène de rumeur : comment fonctionne-t-elle ? Pourquoi est-ce qu’un sujet, dont on ne sait pas au départ s’il est vrai ou faux, peut-il à ce point circuler entre les hommes, se transformer, enfler, et créer beaucoup de désastres parfois ? Et si les hommes en général étaient « friands » de rumeur ?…

Voici quelques éléments de réponses à retenir 

  • Une rumeur peut être fondée sur un fait véritable ou sur un fait inventé. Elle peut être fausse mais devenir vraie, ou être vraie mais devenir fausse. Un peu compliqué quoi  😉 !
  •  Une rumeur est souvent destinée à nuire, à déstabiliser, à affaiblir quelqu’un ou quelques-uns. Elle a en cela un dessein négatif. Il arrive cependant qu’elle puisse être positive. C’est par exemple grâce à la rumeur que des mouvements de lutte contre des régimes dictatoriaux ont pu voir le jour, qu’en temps de guerre, des personnes en danger ont pu être sauvées…
  • La rumeur est boulimique. Cela veut dire qu’elle se nourrit de tout ce qui lui arrive, puis se répand. Il s’agit d’un phénomène de contagion sociale qui fonctionne un peu comme une épidémie (un agent virulent, un temps d’incubation, une diffusion plus ou moins rapide, une extinction).
  • Le contexte dans lequel une rumeur circule est très important. C’est parce qu’une rumeur, avec un certain contenu, est lancée dans un certain contexte, qu’elle peut se répandre. Il faut que le sujet de la rumeur intéresse les gens qui la véhiculent.
  • Les rumeurs ont autant de « succès », c’est qu’elles font appel aux peurs et aux fantasmes de chacun.

La « rumeur d’Orléans » en est un très bon exemple. Cette rumeur a été l’objet du livre écrit en 1969 par le sociologue Edgar Morin. Cette rumeur racontait qu’à Orléans, les commerçants juifs spécialisés dans l’habillement endormaient puis enfermaient les femmes (ils les faisaient passer par des trappes cachées dans les cabines d’essayage) pour les envoyer ensuite par bateau jusqu’en Afrique où elles étaient enrôlées dans des réseaux de prostitution. Les habitants d’Orléans n’ont alors plus osé se rendre dans les salons d’essayage de ces boutiques.

Même si la rumeur a rapidement été dévoilée et démentie, ses conséquences ont eu une répercussion plus longue. En fait, si cette rumeur, pourtant absurde, a eu un tel impact, c’est bien qu’elle répondait à des archaïsmes profonds (tendances inconscientes très anciennes et universelles) du côté de la population : celui du viol et de la prostitution, celui de l’antisémitisme.

 « La rumeur est le plus vieux média du monde ». Jean-François Revel

On connaissait la presse écrite, les affiches, la télé, la radio, le cinéma, évidemment internet… mais alors la rumeur serait-elle aussi un média ?! En fait, pendant longtemps et avant qu’il n’existe tous ces médias finalement assez récents (le cinéma est apparu au début du XXème siècle), la rumeur – ce « bruit » qui se répand dans la foule – a servi de formidable moyen de communication et de diffusion d’informations…  Aujourd’hui, grâce (ou à cause) des médias qu’on connaît, elle a les moyens de développer toute sa puissance !

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