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Interview : une directrice artistique répond à nos questions !

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C’est la rentrée ! Alors qu’est-ce qui te tente cette année ? Quelle activité as-tu envie de découvrir ? De la guitare électrique, de la danse africaine, de l’impro ? Pour te donner quelques idées nous avons justement rencontré une passionnée dans le domaine artistique : Béatrice Jacobs, directrice artistique de l’Ecole des Arts de la Scène – Les Petits Riens, pour les enfants et les ados, basée à Paris.

Fil Santé Jeunes : Bonjour Béatrice Jacobs! Tout d’abord merci d’avoir accepté cette interview pour filsantejeunes.com.  Pouvez-vous nous présenter votre association ?

Béatrice Jacobs: Il s’agit d’un collectif d’artistes qui a été fondé en 2003. Au départ, c’était surtout pour permettre aux enfants et aux ados d’avoir accès aux spectacles et de pouvoir rencontrer des artistes. Et très vite, les ados nous ont demandé à jouer eux-mêmes de la musique, à faire du théâtre, de la danse.

Au départ, on travaillait en résidence dans des écoles et dans des collèges. Mais une fois que les ados entraient au lycée, ils ne pouvaient plus pratiquer ce qu’ils avaient commencé chez nous. Du coup on a voulu avoir un espace où on pouvait les accueillir une fois sortis du collège. Aujourd’hui on a un lieu qui s’appelle l’Ecole des Arts de la Scène, qui permet à tout le monde de venir pratiquer. C’est un lieu que les ados peuvent complètement s’approprier, avec tout le matériel : un grand studio de danse, un studio de musique avec isolation phonique et une multitude d’instruments.

Il  y a, aujourd’hui, entre quarante et cinquante ateliers par semaine, qui sont menés par des artistes professionnels, qui vivent de ce métier. Pour nous, c’est vraiment très important : on a voulu que ce soit l’excellence. Souvent on a 5 artistes par discipline, parce que comme ce sont des artistes professionnels, ils sont en tournée, ils font des disques… Donc, il y a tout le temps un artiste qui sera présent par atelier. Ça permet aussi une diversité d’approche, musicale, chorégraphique ou théâtrale.

Les ateliers sont nombreux: danse (classique, moderne, danse africaine), théâtre (poésie, improvisation, textes classiques), musique (guitare, guitare électrique, basse, batterie, saxophone, trompette, trombone, clarinette, flûte traversière, violon, accordéon, djembé, balafon, n’goni. En plus, à partir de l’année prochaine, on veut mettre en place une fanfare, un orchestre et des ateliers parents-enfants.

L’idée, aussi, c’est de monter des spectacles qui réunissent une majorité d’ateliers. Parce que ce qui est très important aussi pour nous, c’est que les jeunes puissent se rencontrer au fur et à mesure selon les disciplines qu’ils ont, et que tous ensemble on construise un spectacle.

Un artiste, c’est quelqu’un qui a une telle passion qu’il a besoin de la partager et c’est pour ça qu’il va monter sur scène ou qu’il va faire des expositions. Et c’est ce qui se passe avec notre association : l’artiste partage sa passion avec les jeunes… On n’est pas « profs ». On partage une passion. Et on fait selon les demandes et les avis des habitants.

Fil Santé Jeunes : Quel est votre rôle dans cette association ?

Béatrice Jacobs: Au départ, je suis metteur en scène d’opéra. Je suis la fondatrice de l’Ecole des Arts de la Scène – Les Petits Riens. Aujourd’hui je suis directrice artistique bénévole.

Fil Santé Jeunes : Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler dans le domaine artistique?

Béatrice Jacobs: Je dis toujours : « on ne devient pas artiste, on nait artiste ». Petite déjà, je voulais faire de la danse classique. Donc je suis rentrée à l’opéra de Bruxelles avec Maurice Béjart, comme « petit rat ». C’est grâce à Maurice Béjart que j’ai découvert Beethoven, Bach… Que j’ai eu la chance de pouvoir assister aux ballets du XXème siècle. Puis j’ai fait les Beaux-Arts.

Le but ce n’est pas forcément de faire de ces ados des artistes. S’ils ont envie de le devenir on les aidera jusqu’au bout, mais je suis convaincue que quand on fait de la danse ou de la musique, on nous demande le respect de soi et le respect des autres, l’écoute, la persévérance. D’une façon ludique, on apprend des choses qui vont nous servir après toute notre vie. On a un bagage culturel, qui permet une entrée dans la société.

On a mis en place un système pédagogique qui permet aux enfants très vite de pouvoir jouer. Si très vite on peut jouer et qu’on apprend le solfège sans s’en rendre compte, c’est une confiance énorme en soi qu’on développe. Le but c’est de faire des ados, des adultes, conscients, heureux et ayant des rêves et des ambitions : des citoyens.

Fil Santé Jeunes : Quelle place la musique, la danse, le théâtre… ont-t-il dans votre vie ?

Béatrice Jacobs: Elle est essentielle. L’art est fondamental quand on est dans des situations très difficiles. La culture est une chose qui nous permet de traverser les moments les plus difficiles de notre vie. C’est un compagnon de vie.

Fil Santé Jeunes : Le Covid a-t-il modifié les choses pour vous ?

Béatrice Jacobs: Oui. Ça a été difficile pour nous, mais on est resté en contact avec nos bénéficiaires et on a donné des cours en visio. On connait la fragilité des liens dans les moments difficiles. Et dans nos quartiers populaires, ce n’est pas évident. Et quand on est ado aussi. Arrêter la pratique artistique rompt le lien social. Donc chaque musicien est resté en contact avec chacun de ses élèves. On s’envoyait des vidéos et à la fin on a monté des vidéos.

La chose positive qui s’est passée pendant cette crise du Covid, ça a été l’autonomie. Comme on était plus là, les ados eux-mêmes travaillaient en autonomie. Ils répétaient, nous envoyaient des vidéos et ça c’était génial !

Fil Santé Jeunes : Pourquoi, à votre avis, la musique, la danse, le théâtre… sont-ils importants à pratiquer quand on est ado ?

Béatrice Jacobs: J’ai envie de vous donner une anecdote. On a eu le témoignage d’une ado qui nous disait : « avant j’étais la grosse et aujourd’hui je suis la danseuse. » Ce qui est important c’est aussi d’être ensemble et d’apprendre quelque chose qu’on n’a pas l’habitude d’apprendre, qu’on n’apprend pas à l’école, et peut-être qu’on a rêvé. Et à un moment donné, c’est pouvoir se montrer, être fier de ce qu’on a fait avec un niveau d’excellence.

Quand on est ado, il y a des moments où on doute, où on a peur. Il y a un écho réel entre nos propres doutes, nos propres angoisses et la culture. Il y  a une réponse qu’on va retrouver dans la littérature, dans la peinture, dans la musique. Ça rassure.

Fil Santé Jeunes : Merci beaucoup Béatrice Jacobs d’avoir pris le temps de répondre à nos questions !

Même si en temps de COVID ce n’est pas toujours simple de pratiquer une activité extrascolaire, ça fait du bien !

Alors pour connaitre les activités artistiques et sportives possibles proches de chez toi, n’hésite pas à te renseigner auprès de ta mairie qui fera le relais avec les associations et les écoles prêtes à t’ouvrir leurs portes. En attendant : bonne rentrée !

 


Fil Santé Jeunes est également accessible en LSF et LfPC. Pour en savoir plus viens lire notre article : Jeunes sourds ou malendants : Fil Santé Jeunes accessible !  

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