L’alcool chez les filles (et les garçons)
Quel rapport les filles entretiennent-elles avec l’alcool ? Selon l’enquête ESPAD 2007, elles sont moins nombreuses à consommer de l’alcool et de façon moins régulière que les garçons.
L’enquête 2009 de l’Institut de Recherches Scientifiques sur les Boissons est intéressante car elle montre comment la consommation d’alcool évolue selon le sexe et l’âge. Voici un petit tableau récapitulatif (en nombre de verres/mois) :
Age Filles Garçons
13-14 ans 3 1.5
15 ans 5 10
20 ans 15 50
On voit que chez les plus jeunes ce sont les filles qui ont tendance à boire le plus, mais en grandissant ce sont les garçons qui les devancent haut la main. On peut supposer que les filles, après 15 ans adoptent d’autres comportements à risque. Qu’en pensez-vous ? Le constatez-vous ?
Proies des Prémix
Les Prémix, ces boissons alcoolisées très sucrées, masquent la dangerosité de l’alcool et peuvent faire croire qu’elles n’en contiennent que très peu. Elles masquent donc l’âpreté et l’amertume de l’alcool qui peuvent être un élément rebutant pour les tout jeunes qui s’initient à l’alcool. Les plus séduites par ce type de boissons sont les filles car elles ont une tendance naturelle à préférer le sucré.
Justine nous fait part de son expérience : « Je n’ai pas eu à me boucher le nez pour prendre ma première cuite. J’ai même trouvé ça plutôt bon au goût, comme un croisement entre la limonade et une boisson gazeuse. J’en ai bu quatre à la suite ». Cette jeune fille de 15 ans n’a pas eu à s’habituer au goût amer de la bière : c’est en consommant plusieurs premix à la vodka qu’elle a pris sa première cuite.
De la consommation occasionnelle à l’ivresse
La consommation d'alcool peut être occasionnelle : un verre de temps en temps avec les copines, dans une soirée pour faire la fête. C’est une façon de s’intégrer dans le groupe.
Cependant pour certaines, certes très minoritaires, la consommation d’alcool s’inscrit dans une recherche d’ivresse. Une façon d’oublier toutes les difficultés qui les entourent (stress scolaire, difficultés avec les parents etc.) ?
Une jeune étudiante raconte : « pendant trois mois, j'étais complètement dedans, je crois que j'en avais besoin (...) je suis sortie avec plein de mecs, je me suis tapée des « méga-cuites » ... Et au bout d'un moment, je me suis dit, ça suffit, ça mène à rien ». L’ivresse entraîne plusieurs risques immédiats. L’accident de la route (en tant que conducteur lorsqu’on est en voiture ou en 2 roues) mais aussi le risque d’accident en tant que piéton. Il y aussi le risque de violence – non pas que l’alcool soit le seul facteur qui détermine la violence mais il va la faciliter évidemment – et les risques liés à une sexualité non consentie (viol).
En effet, quand on boit trop, on peut perdre sa capacité de vigilance et de discernement, c’est-à-dire que la situation dans laquelle on se trouve peut nous déborder et dégénérer en violence.
Quand l’ivresse se répète, il y a risque de dépendance et cela peut-être le signe d’un malaise. Il est alors nécessaire de demander de l’aide à ses parents ou un proche. Il est également possible d’en parler sur Fil Santé Jeunes au 3224.
Risques en cas de grossesse
La consommation d’alcool est à éviter au cours de la grossesse. Elle peut en effet entraîner des malformations neurologiques du fœtus. On opte pour les smoothies !!
Quand on pense premières soirées à l’adolescence on pense sorties entre copains, bars, boîte de nuit… ce qui s’accompagne souvent d’alcool, et cela qu’on soit une fille ou un garçon !
Quelques chiffres sur la consommation d’alcool
En France, les jeunes ont leur première consommation d’alcool environ à 13 ans, qu’ils soient filles ou garçons. Ensuite à 15 ans, les garçons sont deux fois plus nombreux que les filles à boire régulièrement, et à 17 ans, ils sont trois fois plus nombreux. En plus de boire plus souvent, les garçons boivent en plus grandes quantités jusqu’à l’ivresse.
Le binge drinking est une pratique plus fréquente chez les garçons, même si au fur et à mesure des années on voit que les différences se réduisent et que de plus en plus de jeunes filles le pratiquent.
Même si cette pratique est alarmante, la consommation d’alcool dans la population a beaucoup baissé ces dernières années : il faut dire qu’il n’y a pas si longtemps, on buvait du vin à tous les repas, même au travail ou à la cantine ! Pour preuve 😉 :
https://www.youtube.com/watch?v=n_Ez2RMjwuA)
Garçons / Filles : une consommation différentes ?
Les garçons ont tendance à boire plus et dans un contexte de fête. C’est parfois un jeu entre copains de montrer que l’on tient l’alcool, pour prouver sa force, sa virilité. Du côté des filles, c’est beaucoup moins bien vu de se saouler, de perdre le contrôle, d’attirer l’attention.
Très tôt on apprend aux garçons à être dans l’action et aux filles à se centrer sur elles-mêmes et leurs émotions. Arrivés à l’adolescence, on retrouve deux façons différentes d’exprimer son mal-être : drogues, alcools, prises de risques sont majoritaires chez les garçons, tandis que scarifications, troubles du comportement alimentaires se retrouvent plutôt chez les filles.
En regroupant les données venant de la plupart des pays européens, une étude a permis de montrer que dans les pays où l’égalité des sexes est respectée, les différences de genre sur l’alcoolisation sont moins importantes.
Les dangers liés à l’ivresse
Tout le monde est concerné par les dangers de l’alcool : accidents de la route, coma éthylique, rapports sexuels non protégés mais aussi violence, agression. Car quand on boit, on se désinhibe, et chez certains cela signifie que l’on se laisse aller à des comportements violents, agressifs.
Si les filles ont moins tendance à boire dans l’espace public que les garçons, probablement car elles s’y sentent moins en sécurité, l’alcool nous rend tous autant vulnérables. Se retrouver en état d’ivresse cela implique :
– moins de capacité de discernement : par exemple, on peut penser que c’est une super idée de suivre un/e inconnu/e chez lui/elle.
– perte de contrôle de la situation et baisse de vigilance : on va laisser trainer son verre sur une table au risque qu’un/e inconnu/e y glisse quelque chose dedans
Une consommation cachée
L’alcool n’est pas interdit, le vin fait même partie de la culture française, la consommation d’alcool est valorisée dans les films… Cette acceptation sociale de l’alcool empêche parfois de reconnaître que l’on a un problème avec l’alcool.
De manière générale, les personnes qui souffrent d’une addiction ressentent souvent de la honte et de la culpabilité. Il est difficile d’en parler, et encore plus de consulter des professionnels pour être aidé. Il semblerait qu’il soit encore plus difficile pour les femmes de consulter pour alcoolisme que pour les hommes, comme si la honte était plus forte.
Dans tous les cas, si tu as un copain ou une copine qui boit souvent et/ou beaucoup, au point de perdre connaissance ou de ne plus savoir ce qu’il/elle fait, il/elle a sûrement besoin d’aide ! Derrière une consommation excessive peut se cacher un mal-être important.
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