Quand le rire nous met la honte…
Le rire, ça ne se maîtrise pas
Alors que l'on peut moduler le son de sa voix, son intonation, le rire éclate. A la base, le rire est une manifestation instinctive, sa sonorité si éloignée des mots nous échappe. Le fou-rire en est l'exemple le plus manifeste.
A l'adolescence, on n'a pas forcément envie de se faire remarquer si ce n'est pas un choix. En effet, quand on veut montrer sa différence, on maîtrise. Or quand on rit, les autres découvrent un nouveau visage (zygomatiques en pleine action, rouge aux joues, larmes au yeux) et, en plus, entendent ce son sur lequel on n'a aucune prise. Pour certains cela peut donc être un peu gênant même si on rigole surtout avec ses amis. Prendre confiance en soi peut aider à pouvoir lâcher-prise dans un milieu sécurisant. De toutes manières, en étant positif, on est toujours beau quand on rit : feu aux joues, yeux billants, sonorité de joie...
Les autres se moquent...
Et oui, même si les autres se moquent un peu, leur rire n'est pas plus joli que le vôtre ou moins bête ! D'ailleurs, rire du rire de quelqu'un permet de continuer à se marrer et donc prolonge le plaisir. Un rire n'est jamais joli, ce n'est pas son but.
Quant aux rires cristallins des films... ce sont de faux rires. En effet, on peut apprendre à émettre des sons ressemblant aux rires mais qui sonnent bien. Les professeurs de chant et de théâtre le savent ! Enfin bon, s'il s'agit d'apprendre pendant plusieurs heures à construire un faux rire. Mieux vaut, quand les autres se moquent de notre rire, faire de l'auto dérision plutôt que se prendre la tête !
Avoir un peu honte de ce dont on rit...
Ne pas aimer son rire peut aussi masquer le fait d'avoir un peu honte de ce dont on rit. Et oui, souvent les causes du rire sont loin d'être brillantes ou valorisantes. Cela peut même renvoyer une mauvaise image de soi ou toucher à des choses qui sont, dans l'intimité, compliquées.
Entre les plaisanteries pipi-caca, les blagues sexuelles ou le fait de ne pas pouvoir s'empêcher de rire du pauvre monsieur qui glisse dans la rue. Le rire est souvent déclenché par des choses à priori pas drôles, intimes, gênantes ou qui peuvent même faire souffrir quelqu'un d'autre !
Ça tombe bien, le rire est quelque chose d'humain qui permet aussi de dépasser ce qui est compliqué !
Ne pas aimer la sonorité de son rire est donc très répandu, ce n'est pas grave si ça n'empêche pas de rigoler ! Par contre, si on en arrive à un point où on s'empêche de rire parce qu'on a honte, c'est encore autre chose. Il faut prendre confiance en soi, personne ne vous jugera à votre rire. De plus, on ne peut pas toujours se maîtriser et justement le rire à cette fonction de pouvoir se décharger et lâcher prise !
Rire de petit cochon, Ahanement d’âne, Gloussement de dindon, Cri de canari… Tous ces rires qu’on associe à des bruits d’animaux et qui sortent de nous sans contrôle, nous mettent parfois la honte, non ? On a envie de se cacher, d’étouffer cette joie soudaine qui éclate de manière si ridicule.
Et à d’autres moments ce sont nos parents ou nos amis, que l’on voit s’esclaffer grossièrement et qu’on voudrait faire taire… Et si le rire n’était pas toujours une partie de plaisir !
Je n’aime pas mon rire
Le rire est un réflexe, une manière de faire éclater l’inattendu, la surprise, parfois sa joie mais aussi d’exprimer ce que l’on pense d’une situation. Il arrive que l’on ne soit pas très à l’aise dans ses baskets et dans son rire. On peut même en venir à ne pas aimer du tout ce bruit qui sort de notre corps, comme si c’était quelqu’un d’autre qui riait à notre place.
Comme par exemple cette fille frêle au rire gras d’un Orque tout droit sortie du film le Seigneur des anneaux, ou ce beau mec ténébreux au rire strident d’une hyène…
Mais le rire c’est justement quelque chose d’incontrôlable. Il y en a de toutes sortes et l’on peut même s’amuser à les collectionner (en les mémorisant, en essayant de les imiter, ou en les enregistrant). Mais chaque rire est unique, il n’appartient qu’à nous. C’est comme un petit trésor que l’on ne peut pas nous prendre. On pourrait peut-être apprendre à l’apprivoiser et qui sait en laissant se développer s’il ne nous réserve pas de bonnes surprises…
Se prendre au sérieux ?
Quand on grandit on a souvent envie de devenir quelqu’un de cool, sympa, élégant, PARFAIT ! Et le rire d’orang-outan ne fait pas partie de notre panoplie imaginaire. D’ailleurs, quand on y pense, James Bond (par exemple) ne rit jamais. Il esquisse parfois un sourire mais il ne s’esclaffe pas comme une baleine en voyant ses ennemis se prendre les pieds dans le tapis… De même pour Rey dans Star Wars.
Parfois on peut avoir l’impression que la vie est sérieuse et que rire aux éclats est une preuve de faiblesse. On n’a pas envie que l’on nous juge léger, ou grossier parce qu’on aurait ri au mauvais moment et de la mauvaise façon. On craint que notre rire ne nous démasque ou nous dévoile et vienne dire des choses de nous qu’on aurait aimé garder secrètes.
Et on n’a plus envie aussi de rire aux mêmes choses qu’avant. Quand par exemple nos parents nous font une blague qui nous rendait hilare petit et que l’on trouve ça nul aujourd’hui… quelle tristesse de les voir continuer malgré tout à chercher notre rire « C’est bon on est plus des gamins ! »
Si, parfois, il n’est pas facile de s’assumer, mieux vaut rire franchement que de se cacher pour rire ou pincer les lèvres au point d’avoir mal. Car en se cachant on se prive du plaisir de partager une bonne rigolade avec les autres, et on risque de s’isoler, voire de déprimer sévèrement…Et ça, ça ne fait plus rire du tout !
Plaisir bruyant (des autres)
Quand c’est nous qui rions ça va encore mais parfois ce sont les parents, quelques fois les amis, qui nous mettent la honte en riant bêtement, sauvagement, bruyamment. Ils expriment leur plaisir tellement fort qu’on ne sait plus où se mettre. Comme cette fois au cinéma où notre mère s’est esclaffée à en postillonner sur la nuque du voisin de devant, ou quand notre père s’est mis à raconter des plaisanteries coquines à notre copine au déjeuner en riant à gorge déployée… Rouge pivoine on aurait aimé disparaitre en s’enfonçant dans notre fauteuil !
Dans le rire le corps se relâche. Et on n’a pas l’habitude de partager des moments de relâchement du corps. Cela peut même nous faire penser à d’autres moments de relâchement comme dans la sexualité. Le rire est propre à l’homme mais il n’est pas toujours civilisé et nous rappelle que nous sommes des animaux. On émet des bruits, des cris, des sons pas toujours compréhensibles.
Accepter que l’autre ne se contrôle pas c’est tout aussi difficile qu’accepter que l’on ne se contrôle pas toujours soi-même…il faut lâcher prise ! Pas toujours facile
Quand ça ne nous fait plus rire du tout…
Il arrive parfois que les autres se moquent de nous, de notre physique, de nos habitudes, de nos choix, ou de nos passions, nos amis ou même de notre rire… allant même parfois jusqu’à nous inciter à avoir honte d’être qui on est. On aimerait participer de ce rire collectif mais on en est le sujet. Le rire des autres peut être cruel et nous blesser profondément.
Dans ces cas il est très important de ne pas rester sans rien dire. La honte que l’on peut ressentir est normale et voulue par ceux qui se moquent pour nous empêcher de réagir. Mais on a le droit de dire par exemple : « STOP, ça va trop loin ! Cette blague est raciste, misogyne, homophobe… méchante ! Je n’ai pas envie d’en rire ! ». Rire n’est jamais une obligation.
Le rire inopportun
Enfin, quelques fois le rire arrive à l’improviste à des moments très embarrassants ou stressant. Comme cet éclat de rire au milieu d’un enterrement, ou quand quelqu’un nous annonce une très mauvaise nouvelle et que l’on en rit bêtement, ou encore lors d’un moment très important pour nous. Surpris, désarçonnés, on ne sait pas comment réagir et le rire est la seule chose qui arrive à sortir pour exprimer l’absurdité du monde, de la situation, notre peur, et/ou la douleur que l’on ressent. On aimerait dire aussi notre sympathie mais ça sort bizarrement. En fait, on est tellement gêné que c’est la seule chose qu’on arrive à faire… Comme si le rire était une défense face à l’imprévu.
Ce sont des réactions normales que tout le monde peut avoir un jour, il ne faut pas en avoir honte. Il faut juste être patient et laisser passer la crise de rire.
Enfin, si ton rire, ou celui des autres, t’embarrasse, te gêne au point de t’en rendre malheureux on peut aussi en parler. Appelle nous pour que l’on cherche ensemble ce qui pourrait te permettre de retrouver le (sou)rire !