Violences verbales et morales

Les conséquences de la discrimination !

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Si on t’exclut pour tes différences, ou si on choisit à ta place sur des a priori, là, c’est de la discrimination, t’es d’accord ? Mais une fois qu’on a dit ça, on fait quoi ? Et après ? Justement, à Fil Santé Jeunes, on va essayer d’aller un peu plus loin et de faire le point sur ce que ça fait de subir de la discrimination !

Pourquoi ça fait mal ?

La discrimination, c’est pas seulement celle qu’on dénonce sur les plateaux de télé, dans les débats politiques ou sur les réseaux sociaux. C’est aussi et surtout celle que tu vis, dans ton quotidien, qui ne se voit pas toujours mais qui fait tout aussi mal. Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que ce n’est pas une expérience collective, c’est une expérience individuelle et donc une épreuve personnelle, face au groupe qui exclut. Parce qu’il s’agit bien de ça, de cette exclusion à laquelle il faut faire face. Et c’est parce que cette exclusion vient remettre en cause ta dignité et ton sentiment d’exister qu’elle est d’une violence absolue. En gros, elle vient dire : nous sommes égaux sauf toi qui n’es pas notre égal. C’est dans ce bouleversement de l’égalité et de la reconnaissance de ton existence que la violence se situe. Et alors, tu l’as compris – et peut-être vécu.e – cette violence fait des ravages.

Prenons un exemple #mauvaiseorientation

Tu viens du bâtiment 2b, de la cité « les peupliers », t’es fils d’immigrés. T’as 11 de moyenne, tu sais pas encore vraiment ce que tu veux faire plus tard mais t’aimes l’informatique, lire et écrire des textes. Tu ressors un peu sonné de ton rendez-vous obligatoire avec la conseillère d’orientation, parce que t’as pas tout compris, sauf qu’apparemment, le pro, c’est fait pour toi. Tu sais pas trop pourquoi, mais ça serait TA filière. Tes parents ne te disent pas grand-chose et veulent surtout que tu puisses trouver du travail. Donc tu as 14 ans et on te pousse vers le chemin d’un bac pro hyper spécifique alors que tu n’as absolument pas formulé ce désir et cette envie. Ça aurait pu être une bonne orientation sauf que c’est pas ton choix et qu’on te le propose car on pense que tu ne peux pas faire mieux.

Tu te retrouves donc dans un domaine que tu n’as pas choisi. Et si on choisit une orientation à ta place, alors tu vas vers une voie qui ne te ressemble pas et dans laquelle tu ne t’épanouiras pas. Cela peut potentiellement te mettre en échec scolaire et te faire perdre confiance en toi : ça peut entrainer des blocages et des ruptures, et c’est donc ton avenir qui peut s’assombrir. Mais, cela vient également dire – et tu le ressentiras surement inconsciemment – que ton milieu social détermine ta place dans ton futur. Si tu viens d’une cité et d’un certain milieu social, alors c’est le pro. En tous cas, c’est ce que tu vas te dire. Peut-être que tu en feras une force. Mais, peut être aussi que cette discrimination, implicite et presque banalement acceptée, te suivra dans tous tes choix et qu’elle restera, inconsciemment, gravée comme une certitude contre laquelle tu ne peux plus rien : tel milieu social = telle orientation = telle place dans la société. Et c’est exactement là que ça devient dangereux car cette certitude te réduit à une catégorie sociale (comme si c’était hermétique en fait) et ne te permet donc pas de te considérer dans ton ensemble, avec tes compétences et tes qualités. Vous avez dit égalité des chances ? Hum, pas sur !

De réelles conséquences

Au delà de notre exemple, toute forme de discrimination a des conséquences. Qu’en est-il de ta confiance si on te dit que ta place n’est pas là où tu le souhaites mais là où on veut te mettre ? Qu’en est-il de ton estime de toi quand on décide pour toi ce que tu as le droit de faire et que l’on t’exclut, pour des raisons que tu ne comprends même pas ?

La discrimination est une injustice dans laquelle on se sent souvent impuissant.e. Cela entraine régulièrement un sentiment de honte et de culpabilité, et évidemment une profonde colère, qui peut se retourner contre les autres ou même contre soi. Parfois, c’est pas tant de la colère que de la tristesse et du désespoir, qui peut conduire à un véritable repli sur soi. En effet, comment s’ouvrir aux autres quand on n’a plus confiance ? Quand l’autre justement a été trahison et violence ?

La discrimination fait mal donc. Elle piétine, elle enferme, elle exclut. En parler, être accompagné.e, demander de l’aide, c’est alors essentiel. Il n’y a aucune honte à dire sa colère et son mal être. Parce que finalement, le risque le plus grand serait de s’y habituer.

Kery James – BANLIEUSARDS

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