Un de mes amis est malade
Le fait d'avoir un ou une ami(e) malade est quelque chose de problématique. D'où vient cette peur, comment la dépasser ? Pourquoi ceux qui souffrent sont-ils souvent mis à l'écart et comment faire pour dépasser tout ça ?
Entre peur de contamination et peur de souffrir, nombreux sont les soucis que l'on peut éprouver quand on a un ami gravement malade : pour l'autre bien sûr, mais aussi pour soi ? Comment l'expliquer ?
Qu'est-ce que je risque ? C'est la question qui traverse forcément l'esprit, il est normal pour tout un chacun de chercher à se protéger, mais entre ce que l'on croit et la réalité il y a parfois beaucoup de différences. A trop vouloir se protéger soi-même on risque d'exclure la personne malade. Pourtant un grand nombre de maladies sont non contagieuses et pour les autres la personne malade sait très bien quelles sont les précautions à prendre pour protéger son entourage. Beaucoup d'angoisses non justifiées circulent. Qu'est-ce que l'on peut ressentir ?Qu'est-ce que cela me fait de savoir mon ami(e) malade ?
Une solution. Il est souvent rassurant de se documenter sur la maladie de son ami(e) : les sites internet, parfois avec des boîtes à question, le médecin de famille, parfois simplement une personne qui a plus d'expérience sont des ressources de qualité auxquelles on ne pense pas forcément. Des tas de sites fournissent des informations accessibles à partir d'un simple moteur de recherche. Cela permet de calmer l'angoisse de mettre des mots sur des choses qui du coup deviennent moins douloureuses. De ce fait on vient en aide plus facilement à la personne qui est malade car on sait vraiment de quoi elle a besoin.
Pourtant, même documenté, on peut se sentir coupable d'aller bien quand l'autre va moins bien. Par exemple, s'autoriser à avoir une activité interdite à l'autre, comme faire un foot devant une personne handicapée, sont des choses délicates dont on peut malgré tout parler avec son ami(e).
Le problème, c'est de réussir à aborder le sujet grave de la maladie, on a souvent peur de réveiller les problèmes de l'autre et la personne malade a peur de son côté d'ennuyer celle qui ne l'est pas. Parfois pourtant, celle-ci aimerait bien pouvoir se confier. Etre bien informé permet de lutter contre les fausses représentations de ce qu'est la maladie. Par ailleurs, cela permet de poser les bonnes questions que l'on n'aurait pas forcément osé aborder sans cela.
Le rôle des amis est capital. Accompagnement, complicité, mais aussi sourires, et tout simplement présence. Parfois isolés, les malades ont droit à une amitié normale, les autres ne sont pas seulement des soutiens quand on souffre, on a besoin d'abord d'une vraie amitié qui ne tienne pas compte du reste. Les amis doivent connaître et reconnaître la fragilité de l'autre, l'accepter, mais pas en faire quelque chose de central dans la relation, ce qui compte, c'est de s'aimer comme on est, pour nos ressemblances et pour nos différences...
Tu viens d’apprendre qu’un très bon ami à toi est gravement malade. Tu ne sais pas quoi dire, comment réagir, et c’est compréhensible car il va te falloir un peu de temps avant de réaliser ce que ça peut signifier. Est-ce que ça va changer dans votre amitié ?
On te l’a dit
Ton ami(e) appréhende sûrement ta réaction lorsque tu découvriras qu’il a des soucis de santé. Il risque lui aussi d’être un peu maladroit dans sa façon de te l’annoncer, peut-être même que tu ne l’apprendras pas par lui directement mais par ses parents, les tiens ou des copains.
Si ton ami t’en parle c’est qu’il/elle est capable de surmonter ses craintes. Pourquoi ? Parce qu’il/elle te fait confiance, parce qu’il/elle a besoin de partager ça avec toi, en résumé : parce que tu comptes pour lui/elle. Etre amis c’est partager des bons moments mais aussi partager ce qui ne va pas.
Tu l’as découvert par toi-même
Il se peut que personne ne t’ai rien dit et que tu le découvres par toi-même. Ce moment où tu l’apprends peut être plus ou moins direct, plus ou moins violent. Tu peux remarquer par exemple que ton ami(e) est régulièrement absent, utilise du matériel médical discrètement, prend beaucoup de médicaments, ou bien qu’il a fait quelques fois des malaises dans la cour. Des rumeurs peuvent alors circuler sur la situation de ton ami(e). Celles-ci, souvent exagérées, peuvent faire très peur. Tu peux alors te poser des questions » Est ce que c’est grave ? C’est pas du cinéma ? », « Est-ce qu’il/elle va mourir bientôt ?, » Est-ce que je risque d’attraper ce qu’il/elle a ? ». Tu peux te sentir gêné par cette situation et ne plus savoir comment te comporter avec elle/lui.
Pour éviter les malentendus et faire taire les rumeurs, la meilleure solution est d’en parler. Si tu ne souhaites pas demander directement à ton ami ce qu’il a, tu peux commencer par évoquer ce que tu ressens (ton inquiétude, ta peur) et parler de ce que tu as remarqué le/la concernant. N’hésite pas à en parler à tes parents ou bien à consulter notre site. Tu pourras y trouver des informations sérieuses sur différentes maladies chroniques (qui durent longtemps).
Comment te comporter ?
Quelle que soit la manière dont tu l’as appris, ton ami(e) peut avoir du mal à en parler en premier, de peur que ça vous éloigne, que les choses changent. Si tu te sens de le faire, tu peux aborder le sujet et voir comment il/elle réagit, ça pourra le/la soulager de voir que c’est toi qui démarre la discussion. C’est d’une écoute attentive qu’il/elle aura besoin dans un premier temps.
Si tu as des questions sur la façon dont il vit sa maladie, tu peux les lui poser. Il/elle pourra être touché(e) de voir que tu te soucies de lui et que ce qui te préoccupes ce n’est pas la maladie en soi, mais comment il/elle vit avec. Même si parfois tu peux te demander « Est-ce que je peux lui dire ça ? Est-ce que ça va le blesser si je parle de ça ? Je ne sais pas si je peux lui demander ça… » etc…
Il faut bien distinguer la façon dont ton ami(e) vit les choses et la façon dont toi tu t’imagines qu’il les vit. Tu n’oseras peut-être pas dire les choses de manière aussi directe, mais tu peux lui partager ce que ça te fait. Si certaines choses te mettent mal à l’aise, dis-lui, continue d’être sincère et authentique comme tu pouvais l’être avant que tu apprennes sa maladie, car c’est une manière de respecter votre amitié.
Comment le gérer ?
Cette nouvelle et cette situation peuvent être pesantes pour toi. Tu peux aussi penser que tu n’as plus le droit de te plaindre parce que ton ami(e) vit quelque chose de plus grave. Constater que certains sont atteints d’une maladie grave nous pousse à relativiser certaines situations de la vie. Mais la souffrance des autres, en l’occurrence de ton ami(e), n’annule pas la tienne.
En pensant que tu risquerais de le rendre encore plus triste, tu ne souhaiteras pas forcément parler à ton ami(e) quand toi ça ne va pas trop, tu risques de garder pour toi les émotions négatives. Pourtant cela lui ferait sûrement plaisir de continuer d’être ton(ta) confident(e) : que tu puisses continuer de voir en lui un ami avec qui tu peux partager ce que tu vis, ce que tu ressens.
Face à la maladie, à la douleur et l’angoisse : la simplicité d’une amitié, d’une complicité, et une bonne dose d’humour sont d’excellents remèdes au quotidien !