Les limites et moi !
L'adolescence est une période de tâtonnements : on est en quête d'autonomie et on multiplie les expériences qui conduiront à l'âge adulte; on explore l'environnement, à la recherche des limites entre soi et les autres, entre soi et le monde. C'est cette exploration qui conduit la majeure partie des adolescents à prendre des risques et à dire parfois des choses comme : je suis immortel, le danger n'existe pas, je tiens bien l'alcool, je n'aurai pas d'accident, le sida c'est pour les autres, je n'ai pas besoin du préservatif. En effet, 15,1 % (baromètre santé 2000) des jeunes déclarent avoir fait quelque chose de risqué à leurs yeux, par plaisir ou par défi, lors des 12 derniers mois. Cela dit, il y a des comportements qui sont risqués, comme prendre un bus sans payer, narguer la police, voler au supermarché, etc mais qui ne sont pas dangereux pour la santé... Et il y a des conduites dangereuses, qui sont cataloguées conduites à risques dans le domaine de la santé publique, comme celles qui amènent à des accidents de la route, à boire trop d'alcool, à ne pas se protéger lors d'une relation sexuelle...
- le risque routier : chez les 18/25 ans, l'accident de la route est la première cause de mortalité en France et les 15-24 ans constituent 30% des décès sur les routes...3570 jeunes meurent ainsi sur la route chaque année. Un décès sur deux à l'adolescence est dû à un accident de la route et on compte 10000 blessés graves chez les jeunes chaque année. Les accidents les plus graves surviennent surtout la nuit et ils sont dus à la fatigue, à l'alcool dans 30 % des cas, et probablement à la prise de drogues illicites dans 10 à 20 % des cas.
- l'alcool : une enquête récente de l'INSERM (Alcool : dommages sociaux, abus et dépendance. Coll. Expertise collective. Paris, INSERM, éd.2003) montre que toujours plus d'adolescents essaient l'alcool : 86% de garçons en 1999 contre 81% en 1993, et 85% de filles en 1999 contre 79% en 1993. L'âge moyen de la première ivresse est de 15,5 ans pour les garçons et les filles. Mais les garçons ont été 2 fois plus souvent ivres. Près de 40% des jeunes de moins de 25 ans sont touchés par ces premières cuites . Sous l'emprise de l'alcool, la perception du risque est modifiée.
- SIDA : de nombreuses études montrent que malgré les nombreuses informations reçues, les relations sexuelles non protégées demeurent importantes... et la contamination à tendance à augmenter à nouveau : 9,2 diagnostics positifs pour 1000 en 1992, 7,9 en 1997, 9,3 en 2000). Une enquête de l'INSERM de 1994 sur les comportements des adolescents de 11 à 19 ans constate que 56% des jeunes de cette tranche d'âge ayant des relations sexuelles déclarent ne pas utiliser de préservatif.
*Dans l'enquête de l'INSERM dirigée par M. Choquet, S. Ledoux, C. Hasser, C. Paré, (1998).
Cap ou pas cap … De boire la bouteille cul sec ? D’aller à cette soirée en cachette ? D’aller embrasser la personne que tu kiffes en secret ? De conduire la moto de ton pote sans casque ? etc. Quand on est jeune, on découvre le monde avec des yeux différents, on est curieux, on expérimente ! Le mot danger nous dit vaguement quelque chose mais l’excitation, le désir et le plaisir prennent souvent le dessus. Ça ne serait pas aussi un moyen de tester tes limites ?
Ado et prises de risques, pourquoi ?
Dire que les prises de risques commencent à l’adolescence serait une erreur. Quand tu étais petit, tu prenais déjà des risques car tu cherchais à tester ton environnement. Tu étais curieux, tu explorais le monde, et c’est aussi comme ça que tu as appris et intériorisé certaines règles et interdits, que tu as commencé à prendre conscience des dangers qui t’entourent (exemple : le feu ça brûle et l’eau ça mouille, etc.).
A l’adolescence, cette recherche d’expériences s’intensifie souvent. C’est une période de changements en tout genre, de défis, de petites et grandes découvertes, de montées et de descentes. Ce n’est pas forcément facile de sortir de l’enfance, et en même temps on a envie de s’émanciper un peu, parfois beaucoup des parents. On devient plus indépendant, plus autonome. On se dit : “jsuis plus un bébé”, un peu comme si on se devait d’être soudainement plus courageux-se, plus fort-e, car on est censé “grandir”.
La puberté et ses changements corporels accompagnent ce sentiment, on peut se sentir plus fort dans son corps, malgré les angoisses et les questions que ça suscite en soi.
Le fait de prendre des risques peut aussi être vu comme une manière de surmonter un sentiment d’angoisse. On va tester ses limites, se prouver qu’on existe et qu’on peut le faire ou pas. Cela participe à la découverte de soi.
Et puis il y a bien sûr les amis, les potes, avec qui on peut se laisser entraîner dans des activités parfois risquées. Soit parce qu’on ressent de l’excitation, du plaisir, de la curiosité, ou parfois parce qu’on n’a pas envie d’être “mal vu-e” voire exclu-e par le groupe.
Prise de risques : un rite initiatique ?
Tu l’auras compris prendre des risques quand on est ado c’est assez normal. Et cela se fait souvent avec les copains et les copines, un peu comme un rite de passage. Tu peux avoir envie de voir si vous êtes sur la même longueur d’ondes, dans le « même délire », aussi « foufous ». On peut se dire que c’est une étape qu’on franchit ensemble comme par exemple la première cuite, fumer un joint, etc. Puis tester quelque chose d’interdit, provoque souvent de l’excitation et du plaisir.
La prise de risque modérée, pensée et occasionnelle peut donc être vue comme une étape dans ta vie d’ado. Elle te permet également d’en tirer des leçons, de devenir plus responsable comme quand tu as dû appeler les urgences pour ton pote en coma éthylique.
Quand les conduites à risque deviennent un réel danger pour soi ?
A partir du moment où tu multiplies les prises de risques (exemple : consommation abusive de drogues et/ou d’alcool, rapports sexuels non protégés, excès de vitesse, et autres) cela vient souvent dire autre chose.
Ces conduites dangereuses peuvent être le signe d’un mal-être et d’une grande souffrance qui ne s’expriment pas par des mots mais par des actes te mettant en danger. Et ce danger tu n’y penses plus, tu vas plutôt rechercher des sensations intenses en flirtant parfois avec la mort, et mettre à distance ce qui te fait mal.
Mais est-ce vraiment la bonne solution ? Qu’en penses-tu ?
Mieux tu anticiperas et t’informeras, meilleure ta conscience du risque sera. Ta vie et celles de tes potes tu protégeras !