Frères/sœurs malades : et moi dans tout ça ?
Tout d'abord parce qu'il reste parfois, autour de la maladie, des choses que vous ne savez pas ou que vous ne comprenez pas bien, quant à sa nature mais aussi quant à son issue. Le médecin de votre frère a expliqué à vos parents les difficultés du traitement, les interdits liés à la maladie, ses risques, son évolution possible... Mais vous, peut-être, n'avez-vous pas pu les entendre. Peut-être n'avez-vous pas tous les éléments pour comprendre l'inquiétude de vos parents, les exigences et les difficultés de votre frère... Peut-être préféreriez-vous savoir plutôt que d'imaginer, même si cela est parfois source d'angoisse.
Ce n'est pas toujours facile parce que, quand on est ado, on a envie de mener sa vie, de découvrir de nouvelles expériences, d'être autonome par rapport à toutes les obligations familiales. Celles-ci restent pourtant omniprésentes, chez vous peut-être encore plus, si vos parents sont angoissés et fatigués. Vous pouvez même en arriver à prendre des responsabilités qu'aucun autre jeune ne serait capable de prendre, vous grandissez, malgré vous, plus vite que vos copains... Peut-être vous sentez-vous parfois fier d'être celui qui soigne, qui protège et réconforte votre famille. Heureux aussi d'être en bonne santé, d'avoir la chance de vivre normalement sans connaître la douleur, la contrainte du traitement, le regard de l'autre, le sentiment d'être différent... Mais il y a aussi peut-être des moments où vous aimeriez oublier ce rôle, où vous en avez marre d'aider en ayant l'impression qu'on ne s'intéresse pas à ce que vous pensez ... Vous ressentez parfois de la tristesse ou une colère importante vis-à-vis de ce frère fragile et de vos parents qui s'occupent un peu trop de lui.Pourquoi je ne suis pas malade? Au moins, ils verraient que j'existe moi aussi et que je ne vais pas bien, à cause de lui, je ne peux pas faire ça...
Dans ces cas là, il peut arriver qu'on se sente ensuite un peu coupable: Je n'ai pas le droit de me plaindre, ce que je vis est tellement moins important...
Est-ce, malgré tout, une raison pour ne pas dire quand ça va mal, ou pour au contraire ne pas profiter pleinement de ce que la vie vous apporte? Au même titre que lui, vous faites partie de cette famille, vous y avez une place particulière, des choses à vivre qui vous sont personnelles, des angoisses et des peines propres que vous avez le droit de partager.
Et puis votre frère, même si vous le rendez parfois responsable de tous vos maux, même s'il reste un rival, il reste votre frère!
N'avez-vous pas, au fil des jours parfois pénibles, réussi à créer avec lui une vraie relation de complicité ? N'avez-vous pas une multitude de souvenirs en commun allant des rires aux larmes, en tout cas d'une grande intensité? Vivre ensemble avec la maladie, c'est difficile. Alors échanger ses ressentis, parler en famille, avec ses copains ou les médecins est essentiel pour se sentir moins seul, et permettre à chacun de la vivre mieux dans la cohésion.

« Mon frère / ma sœur est atteinte d’une maladie qui fait partie de sa vie, de ma vie aussi. Il / elle va souvent à l’hôpital, a un traitement difficile à suivre… Mes parents sont très présents pour lui / elle. Mais quelle est ma place dans la famille ? Celle d’un frère protecteur ? Celle d’une grande sœur qui va bien et qui n’a aucun problème ? Est-ce que moi aussi, j’ai le droit d’aller mal ? ». Ceux d’entre vous qui vivent cette situation ont déjà dû se poser ces questions. Qu’est-ce qu’avoir un frère ou une sœur malade ? En tout cas, ce n’est pas toujours facile, n’est-ce pas ?
Quoi de neuf docteur ?
As-tu l’impression d’avoir bien compris de quoi souffrait ton frère ou ta sœur ? Il reste parfois, autour de la maladie, des choses que tu ne sais pas ou ne comprends pas bien. Le médecin a pu expliquer à tes parents les difficultés du traitement, les interdits liés à la maladie, les risques, et l’évolution possible …, mais peut-être que tu n’as pas pu les entendre. Quand on ne sait pas trop ce qu’il se passe, on peut s’imaginer plein de choses. Tu préfèrerais peut-être savoir plutôt que d’imaginer, même si ça peut faire un peu peur. Qu’en penses-tu ?
Dans ces cas-là, il ne faut pas hésiter à en parler avec tes parents, à leur expliquer que toi aussi tu as besoin de comprendre. Tu peux aussi en discuter directement avec ton / ta frangin-e bien sûr !
Des sentiments contradictoires ?
Il t’arrive peut-être d’éprouver des sentiments et émotions contradictoires vis-à-vis de tes parents, et de tes frères et sœurs. Rassure-toi c’est normal, surtout à l’adolescence ! Cela arrive dans toutes les familles et dans toutes les fratries ! Mais quand on a un frère ou une sœur atteint d’une maladie ou d’un handicap, c’est un peu différent.
Tu as peut-être le sentiment d’être délaissé(e) par tes parents, mis(e) à l’écart ? As-tu déjà douté de l’amour qu’ils te portent ? T’es-tu déjà dit : « j’ai l’impression qu’ils m’aiment moins que mon frère / ma sœur » par exemple ? Ces ressentis et questionnements peuvent venir du fait qu’à certains moments, l’attention de tes parents va se porter davantage sur ton frère ou ta sœur malade. Ils peuvent avoir l’impression qu’il faut davantage le/la protéger, être encore plus présents.
Face à cela, tu peux parfois ressentir de la tristesse, de la jalousie ou de la colère vis-à-vis de ton frère ou de ta sœur, et de tes parents qui s’occupent un peu trop de lui. Tu peux te demander : “ Pourquoi lui et pas moi ? Si j’étais malade moi aussi, ils verraient que j’existe, que je ne vais pas bien, que j’ai besoin d’eux !”. Mais dans ces cas-là, la jalousie n’est pas facile à exprimer. Tu peux avoir l’impression que tu n’as pas le droit de te plaindre car tu n’es pas malade. Car oui, tu culpabilises aussi parfois d’être en bonne santé, de pouvoir faire des activités où tu t’amuses, alors que ton / ta frangin-e en est privé-e du fait de sa maladie.
Alors quelle est ma place ?
Est-ce malgré tout, une raison pour ne pas dire quand tu vas mal, ou pour au contraire ne pas profiter de ce que la vie t’apporte ? Tu n’as pas à t’effacer ou à te taire. Au même titre que ton frère ou ta sœur, tu fais partie de cette famille. Tu y as ta place, des choses à vivre, à découvrir, des joies et des peines que tu as aussi le droit de partager.
En parlant de place, attention aussi à ce que les rôles au sein de ta famille ne s’inversent pas. Il est possible qu’en voyant tes parents souvent angoissés et fatigués, tu prennes des responsabilités que peu de jeunes prennent à ton âge. Tu grandis malgré toi et plus vite que tes copains – copines. Tu peux te sentir fier-e et heureux-se d’aider et de réconforter ta famille. Cependant, il y a peut-être des moments où tu aimerais oublier ce rôle, où tu en as marre d’aider tout le temps, et cela peut se comprendre aussi. Malgré tout, tu restes l’enfant de tes parents et ils sont responsables de toi.
Vivre ensemble avec la maladie, c’est difficile. Alors échanger ses ressentis, parler en famille, avec ses copains ou un professionnel est essentiel pour se sentir moins seul-e, et permettre à chacun de la vivre mieux et de mieux se comprendre.
Tu peux aussi échanger avec d’autres jeunes qui vivent la même situation que toi, nos forums sont là pour ça
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